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Ana-Nour - La rubrique à David - Métacognition

LA RUBRIQUE À DAVID

La Métacognition : connais-toi toi-même !

Avant l’âge de 3 ans, les enfants ne sont pas encore capables de juger précisément leurs actions, d’avoir un regard objectif sur leurs performances et de définir un plan d’action. Ils agissent surtout dans une forme d’impulsivité, se laissant facilement distraire par l’environnement visuel ou sonore et s’éloignant ainsi progressivement de leur objectif initial.

 

Les fonctions exécutives sont en effet encore très peu développées à cet âge ; les enfants manquent d’inhibition et de flexibilité cognitive ; ils agissent de façon très peu stratégique.

 

À l’entrée à l’école maternelle, c’est-à-dire à l’âge de 3 ans, puis durant les années de moyenne et de grande section, les enfants deviennent progressivement capables de s’auto-évaluer et de juger de la pertinence de leurs activités (Liu et al., 2018).

 

À l’école maternelle, les élèves restent toutefois peu performants en termes de métacognition car leur maturation cérébrale et le développement du langage n’est pas abouti. Ils peuvent surestimer leurs performances et juger leurs actions en fonction du résultat obtenu sans que ce dernier soit comparé à l’objectif fixé initialement. Demandez à un enfant de 3 ans de ranger sa chambre, il commencera par s’activer en ramassant les objets qui apparaissent dans son champ visuel, rangeant un déguisement par-ci puis un livre par-là, conformément à la consigne proposée. Mais vous le surprendrez quelques minutes plus tard sagement assis au milieu de la chambre à effectuer un puzzle et si vous lui demandez ce qu’il pense de son action, il sera très fier de vous montrer à quel point son puzzle est bien avancé !

Association Ana-Nour - Neuroéducation à Lomé

Trois fonctions essentielles et interdépendantes

L’immaturité métacognitive qui caractérise les enfants d’âge préscolaire se dissipe progressivement à l’entrée à l’école élémentaire. À l’entrée en classe de CP, les enfants âgés de 6 ans ont encore besoin d’un accompagnement constant de l’adulte car ils ne sont pas encore suffisamment conscients des exigences de l’activité proposée (Chevalier et Blaye, 2019). Tout du moins, s’ils perçoivent la difficulté de la tâche, ils ne parviennent pas encore à adapter finement leur comportement de manière à anticiper les difficultés qu’ils vont rencontrer.

 

Les apprentissages scolaires prévus à l’école élémentaire nécessitent un contrôle cognitif accru, c’est-à-dire un engagement des fonctions exécutives et attentionnelles nécessaire pour définir un plan d’action, anticiper les difficultés, vérifier l’adéquation du comportement et de l’objectif à atteindre.

Contrôle proactif vs contrôle réactif

Pour que cet engagement cognitif soit adapté aux exigences des apprentissages scolaires, les enfants doivent faire preuve d’une capacité de métacognition suffisamment développée et engager un contrôle cognitif proactif. Le contrôle proactif s’oppose au contrôle réactif, qui domine chez les enfants d’âge préscolaire (Doebel et al., 2017). À l’école maternelle, les enfants ne sont en effet pas en mesure d’anticiper efficacement les difficultés à venir et ils modifient leur comportement uniquement au moment où le problème survient. À partir de 6 ans environ, les enfants apprennent en revanche à engager un contrôle proactif, qui correspond à une prise de conscience des exigences de la tâche à accomplir et des actions à mener AVANT que l’activité commence.

 

La métacognition correspond donc à la capacité de l’enfant à analyser son fonctionnement cognitif durant l’exécution d’une tâche, tout en ayant la connaissance consciente, ANTERIEURE à la réalisation de l’activité, des futures difficultés et des stratégies de compensation à mettre en place pour y remédier (Toglia et Kirk, 2000).

Le rôle des adultes

Association Ana-Nour - Neuroéducation à Lomé

Les adultes jouent un rôle déterminant dans l’acquisition de stratégies métacognitives chez les enfants. Tout d’abord en amenant l’enfant à prendre le temps de se poser les bonnes questions AVANT de débuter l’activité : quel est ton objectif ? De quels outils et connaissances vas-tu avoir besoin ? quelles difficultés risques-tu de rencontrer ? Puis en accompagnant l’enfant PENDANT la réalisation de l’activité, en l’amenant à vérifier que ses actions sont bien en accord avec les objectifs fixés initialement. Cependant cet accompagnement métacognitif doit être dosé avec beaucoup de prudence car en cours de tâche il peut mettre l’enfant en situation de surcharge cognitive surtout pour les plus jeunes.

 

Et enfin APRES que l’activité soit terminée, en questionnant l’enfant sur sa réalisation : Tes objectifs ont-ils été atteints ? Quelles difficultés as-tu rencontrées ? Comment les as-tu surmontées ?

David Le Prunénec, neuropsychologue

David Le Prunénec, neuropsychologue, nous a fait le plaisir d’ouvrir une nouvelle rubrique sur le blog Ana-Nour dans laquelle il partagera quelques précieux éclairages sur le fonctionnement de notre cerveau.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur David, nous vous invitons à le retrouver sur sa page LinkedIn.