Préparation et objectifs de la campagne d’évaluation Ana-Nour au Togo

Ana-Nour rentre dans la troisième et dernière année de son cycle de formation d’enseignants à la neuroéducation au Togo. Pour clôturer ce cycle, Ana-Nour met en place une campagne d’évaluation afin d’analyser le premier effet de la formation des enseignants sur les performances des élèves.

Grâce au travail des enseignants formés, des membres du conseil pédagogique à Lomé et en France, des coordinateurs pédagogiques Ana-Nour au Togo et des services civiques, les pratiques enseignantes ont évolué vers une pédagogie plus en accord avec les recommandations des sciences cognitives de l’apprentissage. Comment cette évolution est ressentie dans les performances des élèves ?

La première campagne d’évaluation d’Ana-Nour se concentre sur la moyenne section de maternelle (« section II » au Togo). Il n’y a que deux années de maternelle au Togo. L’année pré-élémentaire est donc la moyenne section. Les écoles maternelles partenaires d’Ana-Nour et des écoles maternelles non partenaires ont accepté de participer à cette évaluation. Grâce aux membres sur le terrain, dont Soké Atideka (coordinateur pédagogique), l’équipe de services civiques 2023-2024, Marie Devinat (de l’équipe de services civiques 2022-2023) et les membres du pôle évaluation, nous avons pu organiser notre venue dans les écoles.

Les écoles sont divisées en deux groupes, les écoles dont les enseignants ont suivi l’ensemble du cycle, qui rentrent donc dans leur troisième année, et les écoles non partenaires. Les premières sont le groupe traitement et le deuxième le groupe contrôle. Grâce à la participation des écoles du groupe contrôle, nous allons pouvoir comparer les performances des élèves dont les enseignants ont suivi l’accompagnement Ana-Nour et ceux qui suivent l’enseignement classique.

Cette première évaluation se concentre sur les performances en mathématiques d’un côté et en fonctions exécutives de l’autre. Les performances mathématiques sont divisées en trois catégories : la résolution de problème, la comptine numérique (jusqu’à quel nombre ils savent compter) et les connaissances quantitatives (comparer des quantités, ajouter/supprimer des quantités, l’ordinalité, …). Pour les fonctions exécutives, cette évaluation ne prend en compte que trois d’entre elles (inhibition, mémoire de travail et planification). L’inhibition est la capacité de supprimer la réponse automatique si celle-ci n’est pas pertinente quant à l’objectif souhaité. La mémoire de travail est l’atelier du cerveau, la capacité de retenir les informations à court terme et de les traiter. La planification est la capacité à anticiper les événements futurs puis établir une stratégie et adapter son comportement quant à ces événements. Pour rappel, les fonctions exécutives sont essentielles pour la réussite scolaire (Bull & Lee, 2014 ; Duncan & al., 2007 ; Gathercole & al., 2004) puisque ce sont les fonctions qui permettent de contrôler l’ensemble des processus mis en œuvre dans la résolution de problème, que ce soit à l’école ou dans la vie quotidienne. Afin de mesurer les performances en mathématiques et en fonctions exécutives, nous utilisons les mêmes tests et questionnaires que Philippine Courtier dans sa thèse dirigée par Jérôme Prado et Jean-Baptiste Van der Hens (en savoir plus sur la thèse).

L’évaluation a lieu en deux temps : la rentrée et la fin de l’année scolaire 2023-2024. Nous évaluons tous les élèves une première fois à la rentrée. Cela permet d’avoir un point de référence pour évaluer les progrès de l’année scolaire. Puis, nous évaluons tous les élèves une deuxième fois à la fin de l’année scolaire. Cela permet de voir les différences absolues à la fin de la maternelle et les différences de progrès faits pendant l’année entre les classes de moyenne section de maternelle Ana-Nour et les classes de moyenne section contrôle.

Les objectifs sont doubles : d’un côté, apprendre à mener une évaluation sur le terrain et, de l’autre, montrer qu’après trois ans d’accompagnement des enseignants, les enfants du programme Ana-Nour sont mieux préparés à l’entrée en élémentaire que les enfants des classes contrôles. Si les résultats ne le montrent pas, cela peut venir de quatre causes : l’analyse est biaisée par la rencontre d’obstacles sur le terrain qui sont alors connus pour les futures évaluations, les enseignants n’ont pas encore eu le temps de mettre en place les outils et recommandations de la neuroéducation, l’effet sur les maternelles de moyenne section n’est pas assez grand pour être visible sans un très grand échantillon d’élèves ou, enfin, un mélange de ces trois causes. Dans tous les cas, cette évaluation permet à Ana-Nour de faire un retour réflexif sur ce cycle de trois ans. De plus, elle permet de préparer les écoles et l’équipe d’Ana-Nour à d’autres évaluations. Celles-ci pourront compléter la première en la répliquant sur d’autres écoles ou d’autres niveaux, en évaluant plus finement le cas d’une école, ou en portant sur des objets complémentaires comme les compétences langagières, la métacognition, la confiance en soi, le bien-être à l’école, les compétences psycho-sociales ou la gestion émotionnelle.

Je suis très honorée de participer au début de la campagne d’évaluation d’Ana-Nour.

Merci de votre confiance.

Inés Tchekemian, étudiante à l’ENS Paris et à l’ENS Lyon. Diplômée d’un Master en sciences cognitives et d’une licence de sociologie.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Inés, nous vous invitons à la retrouver sur sa page LinkedIn.