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Neuroéducation, ce qui change en France

Neuroéducation : ce qui change en France

Lors de nos présentations et formations, de nombreux participants nous interpellent sur un thème récurent : « pourquoi ne pas avoir développé votre action en France ? ». Une question qui sonde nos motivations profondes mais qui éclaire également sur le manque de visibilité des initiatives hexagonales.

 

Ceux d’entre-vous qui suivent l’action Ana-Nour, connaissent notre engagement pour l’Afrique. Dans les 30 prochaines années, elle va doubler sa population. Des millions d’enfants vont se présenter aux portes des maternelles qui, dans de nombreux pays, ne sont pas réellement pensées comme de véritables espaces d’apprentissage. La Neuroéducation est une actualisation majeure, notamment pour les tout-petits. C’est une opportunité historique qui permettrait de limiter significativement la fracture scolaire et les inégalités qui en découlent. Un peu comme si le continent n’avait plus un train de retard mais avait la possibilité de monter directement dans celui de l’innovation qui va ouvrir les nouvelles voies de l’apprentissage. Les enfants en bénéficieraient pour se construire et construire à leur tour le futur du continent.

En France aussi c’est une occasion formidable de dynamiser et d’actualiser notre système éducatif. Même si toutes les initiatives ne sont pas forcément médiatisées, des milliers de personnes s’occupent déjà de cette transition. Nous commençons à peine à les entendre.

De l’expérimentation isolée au diplôme universitaire, de la salle de classe au laboratoire, cet écosystème se structure progressivement. Voici quelques initiatives complémentaires qui participent à repenser la prochaine décennie. Cette liste n’est pas exhaustive. Les avancées dans ce domaine sont si rapides que la France va devoir tester sa « plasticité pédagogique » dans le futur proche.

D’abord qu’appelle-t-on Neuroéducation ?

C’est un espace de rencontre entre enseignants, scientifiques et parents, qui combine les neurosciences, la psychologie et l’éducation, pour échanger leurs points de vue sur l’apprentissage et les meilleures manières d’enseigner. C’est « un champ de recherche à part entière qui séduit et inquiète tout à la fois » comme le rappelle Nicole Bouin dans son ouvrage Enseigner : apports des sciences cognitives.

Plusieurs échelles d’intervention existent :

Les expérimentations pédagogiques en classe maternelle et primaire

À l’image de la démarche de Céline Alvarez, il existe aujourd’hui sur tous les continents des classes et des programmes pilotes qui montrent quotidiennement qu’une autre école est possible. Ce n’est qu’un début autant par leur nombre que par la réalité qu’elles recouvrent. En France, des centaines d’établissements laissent la possibilité aux enseignants les plus déterminés, d’expérimenter de nouveaux usages. Cependant, leur déploiement semble encore timide et les défis à relever au sein des établissements sont nombreux.

Jean-Michel Blanquer, l’actuel Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, est un fin connaisseur de la Neuroéducation. Progressivement il pose les bases d’un nouvel écosystème pédagogique.

Les 1000 premiers jours de l’enfant

Il s’agit d’un concept de l’OMS qui a motivé la création d’un groupe de travail pluridisciplinaire de 16 membres dirigé par Boris Cyrulnik, le célèbre neuro-psychiatre. Le Gouvernement lui a confié la tâche d’élaborer ce chaînon manquant entre les progrès de la recherche scientifique et la vie quotidienne des parents. Car l’enfant découvre le monde et apprend, bien avant de rentrer à l’école.

Le Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale

Présidé par Stanislas Dehaene, psychologue cognitiviste et neuroscientifique français, professeur au Collège de France. Le Conseil scientifique, dans une approche résolument pluridisciplinaire, va nourrir la réflexion pédagogique en mettant à la portée de tous les résultats de la recherche de pointe comme des expérimentations de terrain. Cinq axes principaux guideront son action : évaluation et intervention, formation et ressources pédagogiques, pédagogie et manuel, handicaps et inégalités, metacognition et confiance en soi.

Les Cogni’classes

Sous l’impulsion de Jean-Luc Berthier, spécialiste des sciences cognitives de l’apprentissage, proviseur honoraire et ancien ingénieur de formation à l’ESENESR (ministère de l’Éducation nationale), l’équipe de « Apprendre et former avec les Sciences cognitives », se veut une interface entre le monde de la recherche, les institutionnels du système et le terrain de la classe et des établissements. Plutôt orienté collège et lycée, leur approche prend en compte le triptyque élève/posture de l’enseignant/pilotage établissement.

De nombreuses formations et ressources pédagogiques sont proposées pour faciliter l’expérimentation. Les grands thèmes abordés sont : l’attention, la compréhension, l’évaluation, la formation, l’implication, la mémorisation.

Le Diplôme Universitaire Neuroéducation à l’université Paris Descartes

Cette formation a pour objectif de contribuer à la formation des professionnels du monde de l’éducation (à tous les âges du développement, du jeune enfant au jeune adulte) en s’appuyant sur le champ de recherches interdisciplinaire qu’est la neuroéducation, domaine émergeant en France, en Europe et dans le Monde.

Elle a été conçue par le laboratoire de recherche LaPsyDÉ de l’Institut de Psychologie de l’Université Paris Descartes, précurseur en matière de recherche pour le domaine de la neuroéducation. LaPsyDÉ organise tout au long de l’année aux nombreuses actions de formation (congrès, colloques, conférences), montrant les attentes fortes du monde de l’éducation en la matière.

Cette formation est dirigée par Grégoire Borst, Professeur de neurosciences cognitives de l’éducation et de psychologie du développement à l’université Paris Descartes (USPC) et directeur de LaPsyDÉ (CNRS) et Olivier Houdé, Professeur de psychologie à l’université Paris-Descartes, Directeur honoraire de LaPsyDÉ (CNRS) à la Sorbonne.

Nous sommes au début d’une nouvelle ère, il n’y a pas de vérité, mais un devoir de réalité. Le monde de l’éducation amorce un virage qui ouvrira, nous l’espérons, le temps d’une transmission à la maison et à l’école plus respectueuse des mécanismes du vivant et plus à l’écoute de la nature de l’enfant. Nous espérons que cette dynamique permettra la naissance d’une école plus libre d’innover et d’expérimenter pour s’adapter sans rupture aux défis et découvertes qui vont rythmer ce siècle.

Réjouissons-nous, éveillons le désir d’apprendre !