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L'enseignant en Neuroéducation

LA RUBRIQUE À DAVID

L’Enseignant en Neuroéducation, chef d’orchestre de la Plasticité cérébrale.

À la naissance – et même un peu avant – le cerveau est optimisé pour acquérir de nouvelles fonctions. Le nombre de connexions est immense ; les 86 milliards de neurones présents sont tous interconnectés et tout est possible !

 

Durant le développement de l’enfant, et ce dès l’âge de 2 ans, le cerveau va perdre 2/3 de ses capacités universelles les moins utilisées et développer des compétences individuelles avec le tiers le plus utilisé !

Ce cheminement ne se fera toutefois pas uniquement selon les lois de la génétique. L’éveil de l’enfant, la confrontation à son environnement, puis l’enseignement, seront les atouts majeurs de cette aventure épigénétique.

 

Avant même son entrée à l’école l’enfant reçoit de nombreuses stimulations, sociales, sensorielles, émotionnelles, provenant de l’environnement et de ses proches. Elles lui permettent de maintenir des connexions neuronales qui seront essentielles par la suite pour lui permettre d’entrer dans les apprentissages.

Les stimulations visuelles enrichissent par exemple les régions cérébrales postérieures qui seront utiles plus tard pour distinguer différents graphèmes lors de l’acquisition du langage écrit.

Parler à son enfant - Neuroéducation

De même, parler à son enfant permet de maintenir chez lui des connexions cérébrales dans l’ensemble du cortex, qui seront déterminantes pour la distinction des phonèmes, la prosodie, le développement de son lexique sémantique – autant de capacités primordiales pour acquérir ensuite la lecture.

L’éveil du jeune enfant durant les premières années de vie représente ainsi un premier processus déterminant : stimuler le cerveau à travers des sollicitations sensorielles, sociales et émotionnelles dans le but de maintenir les connexions neuronales préexistantes dont l’enfant aura ensuite besoin pour développer ses futures compétences.

Éveiller l’enfant, le stimuler, le faire grandir dans un environnement bienveillant, c’est réunir les conditions nécessaires pour préserver son stock de connexions neuronales, son capital cognitif et émotionnel, le substrat de ses futurs apprentissages scolaires.

 

Arrive ensuite le temps de l’élagage synaptique : « la qualité, c’est la quantité assimilée » disait le poète français Léon-Paul Fargue. L’objectif du cerveau est désormais de faire le tri, d’optimiser le fonctionnement des connexions utiles et d’éliminer les connexions synaptiques superflues. Le cerveau se spécialise par rapport à ce qui lui sera utile face à son environnement. Il va devenir expert (par exemple dans sa langue maternelle).

Dans chaque millimètre cube de tissu cérébral, plus de 500 millions de connexions nerveuses vont disparaître entre l’âge de 2 ans et la fin de l’adolescence !

Pour un cerveau moins encombré, optimisé, gaspillant le moins possible d’énergie, il faut conserver l’essentiel, réorganiser, chercher l’efficacité.

Élagage synaptique
L’élagage synaptique : l'enfant ne devient pas moins intelligent mais il se spécialise.

Tout au long de la scolarité de l’enfant, la mission de l’enseignant va être de créer de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances, à partir des connexions neuronales préexistantes (ce que l’enfant a déjà acquis). Créer du lien entre les réseaux de neurones dont l’enfant dispose via de nouvelles connexions, lui apprendre à utiliser son cerveau différemment pour développer une expertise nouvelle ; c’est l’arborisation.

 

Comment ? En exploitant les formidables ressorts de la plasticité cérébrale. Plus précisément, en influençant l’élimination des connexions jugées encombrantes et en permettant en parallèle la structuration de nouveaux réseaux neuronaux pertinents.

Certains réseaux fonctionnels vont intuitivement aider l’enfant à acquérir de nouveaux apprentissages. La reconnaissance visuelle des lettres va par exemple rapidement être possible quelle que soit la police d’écriture utilisée : malgré une variété très importante de façon d’écrire une même lettre, notre cerveau va procéder par analyse et trouver la lettre ressemblant le plus à l’image présentée.

 

À l’inverse, il faudra parfois éduquer les enfants à lutter contre des fonctionnements cérébraux très puissants qui les induisent en erreur, leur apprendre à inhiber des réponses automatiques et développer leurs capacités de flexibilité cognitive.

Enseigner c’est donc permettre le développement optimal des réseaux cognitifs pertinents en utilisant l’espace cérébral rendu disponible par l’élimination des connexions non pertinentes.

 

L’avancée des connaissances en pédagogie, psychologie, sciences de l’éducation, neurosciences cognitives, représente une formidable opportunité pour refonder les bases de l’apprentissage, en cohérence avec le fonctionnement cérébral.

Un prérequis de taille est toutefois nécessaire à cette ambition éducative : il faut dans un premier temps que l’enfant grandisse dans de bonnes conditions afin d’entrer à l’école avec un cerveau doté de tous ses neurones, ultra connectés, prêts à être intelligemment élagués par des enseignants experts en développement cognitif, plasticité cérébrale, développement des fonctions exécutives, etc. ! 

 

Des enseignants qui chaque jour, sans s’en rendre compte, sont les chefs d’orchestre d’un subtil dosage entre élagage synaptique et arborisation dendritique.

David Le Prunénec, neuropsychologue

David Le Prunénec, neuropsychologue, nous a fait le plaisir d’ouvrir une nouvelle rubrique sur le blog Ana-Nour dans laquelle il partagera quelques précieux éclairages sur le fonctionnement de notre cerveau.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur David, nous vous invitons à le retrouver sur sa page LinkedIn.